Dérive à l’autre
Te souviens-tu du jour de ce mois de juillet
Les alliances échangées, les bisous, les promesses
Le bonheur qui volait dans l’air ensoleillé
Pour éclater de rire au milieu de la messe
Tu avais pris mon bras pour marcher vers l’autel
Tu le serrais très fort et tu tremblais un peu
J’étais fier, j’étais digne, quelque peu solennel
De te partir de moi vers l’homme de tes vœux
Par chance tu m’épargnas la terrible séance
Des photos convenues dans le parc arboré
Avec le pont de bois aux couleurs de la France
Et vous deux tout figés moi j’aurais adoré
La fête s’est enfin tue et c’est la maisonnette
Que le gentil banquier prête onctueusement
De la chambre à coucher jusqu’à la cuisinette
Le petit nid d’amour qui attend vos enfants
Et la bébée arrive dans son berceau prévu
On gazouille en famille sur le miracle humain
Ignorant que vos nuits sans silence se muent
En grondement roulant dans le proche lointain
Aux lots du quotidien, premières escarmouches
L’automne est arrivé, la nuit tombe plus tôt
Je te vois ma chérie souvent prendre la mouche
Ton mari oublier les sourires de tantôt
Téléphone de nuit qui me glace le sang
Les sanglots de ta voix un appel au secours
Il a beaucoup trop bu et il devient méchant
Toi tu cries en pleurant la peur de cet amour
Le contrat est sali de larmes et de griffures
Les avocats fourbissent leurs arguments de choc
Sur le champ de bataille une môme pas mûre
S’enfuit désespérée de sa triste bicoque
La haine est maintenant la maîtresse du jeu
Que vous battez sordides au hasard de la fin
Distribuer les cartes dans un cercle vicieux
Qui n’a pas de gagnant et pas de lendemain
Te souviens-tu du jour de ce mois de juillet
Les alliances échangées, les bisous, les promesses
Le bonheur qui volait dans l’air ensoleillé
Pour éclater de rire au milieu de la messe.
Renaud de Hurlevent.