Renaud de Hurlevent

Trains de vie

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J’avais six ans j’aimais les trains
Les gares de nuit l’odeur de fer
Au bord du quai rongeant mon frein
Je m’imprégnais de l’atmosphère

J’envisageais les gens partir
Les amoureux se séparer
Les visages privés de sourire
Moi je rêvais de me barrer

Mes vingt printemps fleurirent enfin
Dans le grand wagon-restaurant
L’Express de nuit Paris-Berlin
Avec une femme aux yeux d’enfant

Un cuisinier et des pianos
Un vin subtil une mélodie
Une parenthèse dans le tempo
De folie du monde maudit

Par pudeur je ne dirai mot
Du tourbillon qui s’ensuivit
Je fermerai porte et rideaux
Sur la fureur de notre envie

C’est encore moi j’ai cinquante ans
Il se peut que je casse l’ambiance
Car dans la gare de Montauban
C’est la misère qui est fragrance

Trop Grande Vitesse vers Paris
Avec un détour par Limoges
Un omnibus un peu pourri
Qui ne savait rien de l’horloge

J’avais les crocs j’ai rien croqué
Il est où le wagon-resto ?
Puis-je avoir un verre de saké
Pour accompagner ma Miso ?

Nous avons un arrêt prévu
Dit le monsieur au bleu manteau
A l’heure dite je suis descendu
Me jeter sur une gamelle d’eau

Je suis désolé ça me navre
D’avoir basculé chez les vieux
Les nostalgiques de ces havres
Où les frissons se sentaient mieux.

Renaud de Hurlevent.

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