Renaud de Hurlevent

Vercors

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J’ai entendu ton sang
Qui battait dans la terre
Battue aux quatre vents
Par des souffles d’enfer

J’ai écouté tes hommes
Aux regards abîmés
Comme ridés, en somme
Par tant d’énormités

Ils parlaient en silence
De ce morceau de temps
Pendu à leur souffrance
Comme l’œil du tourment

J’ai connu dans tes bras
Mes poussées de croissance
Dans la brume de tes draps
J’ai hurlé d’insouciance

Dans le noir de tes grottes
J’ai pleuré en Allemand
D’une terreur polyglotte
Sur le bord du néant

Dans tes fleurs j’ai aimé
En bourgeon maladroit
Une belle à se damner
Pour qui j’étais un roi

On s’aimait des deux mains
Au bord des grandes falaises
Au loin tous nos demains
S’envolaient de la glaise

Baisers dans les aiguilles
De tes pins éperdus
La bouche d’une fille
Dans laquelle j’ai mordu.

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